Pour démarrer , comment se porte le stade briochin ?
Jerôme CAMARD : L’équipe de Nationale, assimilée au foot professionnel, continue son activité. Pour le reste du club nous avons stoppé les activités depuis le 30 octobre dernier. C’est bien sur embêtant et frustrant pour nos joueurs(euses), éducateurs(trices) mais il faut relativiser par rapport à la santé des gens et à la difficulté économique que subissent certaines entreprises.
Justement vous parlez d’économie, le club est forcément impacté, notamment avec le huis-clos, étiez-vous favorable à l’arrêt également en N1 ?
Guillaume ALLANOU : J’ai toujours été pour la continuité du championnat pour une raison simple et évidente : compte tenu du calendrier démentiel déjà programmé, il aurait été impossible de terminer la saison en cas d’arrêt. Je pense que c’est ce qui a animé la F.F.F au moment de prendre sa décision.
Pour ce qui est de l’aspect économique, il est évident que cette situation ne peut durer indéfiniment : continuer à avoir des charges liées aux salaires de joueurs, aux déplacements de l’équipe, etc… sans aucune recette en face, ce n’est pas tenable à terme. Mais nous avons construit avec Coralie (ndlr : Coralie Labbé, La Directrice Administrative et Financière) et moi un budget réaliste et prudent qui, même si nous ne sommes pas les plus riches, nous permet d’envisager sereinement cette période.
Qu’envisagez vous pour les abonnés et partenaires n’ayant pu bénéficier de leurs places pour les matchs du Red Star et probablement ceux à suivre jusque la trêve ?
JC : Nous avons déjà envisagé plusieurs scénarii pour assurer des compensations à nos abonnés et bien sûr à nos fidèles partenaires que je tiens encore à remercier pour leur soutien et à leur assurer de notre solidarité pour ceux qui ne peuvent malheureusement pas travailler à cause du confinement. Nous attendons d’avoir plus de visibilité pour communiquer sur ces modalités mais j’insiste, personne ne sera lésé.
Et pour les licenciés ?
G.A : Pour nos licenciés c’est finalement comme si la trêve hivernale était arrivée un peu plus tôt. Ce n’est que du décalage. La saison reprendra et s’allongera sans doute jusque fin juin. On s’adaptera. C’est le maître-mot de cette saison particulière.
Revenons à la Nationale, comment jugez vous l’effectif et le début de saison ?
G.A : Une saison c’est avant tout un effectif et la constitution de celui-ci. Le confinement nous a permis de se pencher en amont avec Max (d’Ornano) sur le recrutement. Quand on parle de recrutement les gens pensent toujours « nouveaux joueurs » mais on oublie que le premier des recrutements consiste d’abord à conserver ceux qui sont déjà au club et sur qui on compte !
On a voulu s’appuyer sur ceux qui avaient contribué à la montée avec la conservation de la majorité des joueurs de la saison passée. Ensuite on s’est attaché à recruter selon des critères précis auxquels je n’ai pas dérogé : état d’esprit, identité « bretonne » si possible, expérience du niveau car peu de joueurs de l’effectif avaient un vécu du niveau national ou supérieur.
Je suis content du groupe qu’on a bâti et j’estime qu’on a aujourd’hui un effectif de qualité, équilibré avec de la concurrence sur toute les lignes.
Et concernant le début de saison ?
G.A : Nous sommes déjà au 1er tiers du championnat et le constat est de 2 ordres :
– on n’a jamais été en dessous dans le jeu même si on a parfois souffert à l’image du dernier match contre le Red Star.
– on constate que c’est un championnat très homogène où tout le monde peut battre tout le monde et où aucun point n’est facile à aller chercher.
L’objectif du club est-il de se maintenir pour cette première saison ?
G.A : Définir le maintien comme objectif ne veut absolument rien dire à mes yeux. Je m’explique :
Déjà je ne connais aucune équipe, quel que soit le championnat, qui n’aspire pas, à minima, à rester dans cette compétition pour la saison suivante ! Je n’ai jamais entendu : « Tiens cette saison on va essayer de descendre ! » (rires).
Ensuite entre un maintien à la 3e place (barragiste) et un maintien 14e il y aussi un monde d’écart.
Enfin, je préfère m’attacher au contenu en partant du principe que si le contenu est bon, alors « mécaniquement » les points suivront.
En ce qui concerne l’ambition « comptable » de ce championnat, je pense qu’on pourra y voir plus clair après la difficile série de 4 matchs qui nous attend face à des clubs ayant connu le monde pro il y a peu et qui ambitionnent tous d’y retourner (ndlr : Bastia, Quevilly-Rouen, Boulogne et Le Mans).
Aujourd’hui le classement n’est pas lisible (nombre de matchs joués différents) et on est à la fois à 2 points de la 2e place et seulement 3 au dessus du 1er relégable. On voit donc bien que c’est très serré.
Et sur le contenu alors justement ?
G.A : Je trouve qu’on a gagné en efficacité depuis quelques matchs. On dégage plus de solidité défensive et on est un peu plus réaliste devant le but à l’image du dernier match où sur seulement 2 occasions on marque 1 fois. Il faut s’appuyer là-dessus pour continuer à générer de la confiance sans perdre de vue nos principes de jeu basés sur la possession notamment.
Cette efficacité défensive c’est l’effet Kerbrat ?
G.A : Bien sûr que l’arrivée de Christophe, avec toute son expérience, a contribué à cette efficacité mais ramener ça à un seul joueur, aussi bon soit-il, serait réducteur. L’ensemble du groupe et le staff ont bien identifié que les erreurs individuelles, qu’on arrivait à rattraper la saison dernière en N2, se payent cash en National. Ca fait partie de « l’apprentissage » et comme on a la chance d’avoir des garçons intelligents ils ont su corriger. Après pour en revenir à Christophe, il est évident que ses performances ont rejailli sur l’ensemble du groupe. J’avais parlé d’ambition lors de son recrutement. Il répond pleinement à nos attentes.
Un gros match se profile à Bastia :
JC : Oui c’est un déplacement périlleux face à une équipe « programmée » pour retrouver la L2 à très court terme. Mais on ne va pas y aller en victime. Même s’ils sont très costauds, Boulogne a réussi l’exploit d’aller gagner là bas alors pourquoi pas nous ? D’autant qu’on aura « la chance » de jouer à huis-clos et quand on connait la ferveur et l’importance du soutien du public corse c’est un avantage d’y aller en cette période de Covid finalement.
Comment meuble-t-on l’activité du club qui tourne au ralenti ?
G.A : Il y a de nombreux chantiers sur la table donc je n’ai pas le temps de m’ennuyer !
Comme j’ai déjà eu l’occasion de la dire, cette « double-montée » a été une chance pour nous mais une chance qu’il faut savoir faire fructifier. Aujourd’hui le club a basculé dans le monde professionnel mais le reste de l’organisation doit se mettre au niveau. Cela va vite et nous devons structurer le club pour pouvoir pérenniser à ce niveau et préparer l’après.
Il ne faut jamais perdre de vue que nous avons grimpé de 4 divisions en 8 ans ! La réserve que j’entraine joue aujourd’hui au niveau de l’équipe A d’il y a 4 ans ! Le budget a été multiplié par 3 durant cette période.
Comme toutes les structures qui ont très fortement évolué en peu de temps, nous sommes à un pic de croissance qui justifie des changements en profondeur de le mode de fonctionnement.
On ne peut plus aujourd’hui fonctionner comme il y a 3 ans ou même la saison dernière.
Quels sont ces chantiers ?
G.A : Je travaille actuellement sur le futur passage en société du club qui nous est imposé par le code du sport et par la F.F.F.
On planche également sur la création d’une section sportive collège pour la saison prochaine.
Le développement de la section féminine est également un axe majeur de notre projet.
Je souhaite également que nous passions des conventions de partenariat avec un maximum de clubs de l’agglomération. C’est un sujet majeur également.
Il y a aussi la création d’un club entreprises, le développement du digital et la professionnalisation de notre communication, les infrastructures, etc…
Il n’y a pas de quoi s’ennuyer et les journées ne sont pas assez longues (rires).
En parlant d’infrastructures, un mot sur la future tribune et vos relations avec les collectivités ?
JC : Nous avons des réunions de programmées avec la mairie pour échanger sur la planification des travaux qui devraient démarrer à l’issue de cette saison.
Nos relations avec les collectivités locales sont excellentes. Le département, Saint-Brieuc Armor Agglomération et la ville de Saint-Brieuc nous soutiennent et je les en remercie.
Nous entretenons des relations cordiales et constructives avec eux.
G.A : Les élus ont bien conscience que le Stade Briochin est devenu un peu plus qu’un simple club de foot. Outre le rôle éducatif, social, inclusif (voir article sur l’équipe sport-adapté), nous contribuons au dynamisme du territoire et à son rayonnement au-delà des frontières Bretonnes.
Il est encore plus important de favoriser le lien dans cette période anxiogène. Nos matchs permettent, humblement, de donner un peu de baume au cœur de tous ceux qui se retrouvent au Stade Fred Aubert. Nous avons donc hâte d’à nouveau pouvoir recevoir du public.
Un mot de la fin ?
JC : Encore remercier nos élus, nos partenaires, nos supporters et l’ensemble de nos bénévoles pour leur soutien et leur implication dans le club. En espérant qu’on puisse tous se retrouver le plus rapidement possible.